LA PETITE POIRE

 

 

1833

L’an mil huit cent trente-trois, le onzième du mois d’août, à deux heures de l’après midi, par de nous, Robert de Sélys de Fanson, bourgmestre de la commune de Xhoris, canton de Ferrières, district de Huy, province de Liège, ont comparu Marie Lambertine TAVIER, sans profession, âgée de 19 ans, et Marie Barbe TAVIER, sans profession, âgée de 16 ans, filles de Jean Lambert TAVIER, cultivateur, demeurant avec lui et domiciliées en cette commune, lesquelles se sont plaintes, à nous, des faits et circonstances ci-après détaillés, savoir :

Que hier, dix août, présent mois, à cinq heures du matin, étant sur une propriété appartenant à Monsieur Richard LAMARCHE, domicilié à Liège, située sur le territoire de cette commune, avec quantité d’autres personnes, en attendant l’heure de glaner.

Sur cette propriété, la dite Marie Barbe TAVIER, après avoir eu mangé une petite poire, en a jeté le trognon derrière elle, sans viser son but ; mais, étant tombé sur la tête de Anne Jeanne LALEMAND, ménagère, épouse de Jean Joseph DETAILLE, chiffonier, domiciliés au dit Xhoris, la dite Anne Jeanne LALEMAND, étant assise, s’est levée et a donné, avec colère quatre coups de poing à la tête de la susnommée Marie Barbe TAVIER qui n’a pu les esquiver.

La prédite Marie Lambertine TAVIER, voyant sa sœur maltraitée, a demandé à Anne Jeanne LALEMAND pourquoi elle frappait sa sœur ; elle lui a répondu : « Je la frapperait tant que cela me fera plaisir » Elle a, en outre, proféré les injures à dire, « toi, jeune truie, putin, pourrie putin avec ton borde ? » Elle a répété ces injures nombre de fois, devant une multitude de personnes réunies pour glaner.

Desquels faits et injures, les plaignantes demandent justice et rétractation, et indiquent pour témoins Hubert Joseph Balthasar BROUWERS, garde-champêtre de cette commune, y domicilié à ce présent, qui nous a déclaré avoir vu donner les dits coups de poing et entendu proférer les dites injures et nous a promis de ratifier, en justice, sa déclaration.

Elles indiquent, en outre, pour témoins Marie-Anne CHRISTOPHE, épouse de François RENARD, ménagère et PIROTTON Marie Catherine, journalière, domiciliée à Xhoris, qui n’ont pas comparu devant nous.

De tout quoi, nous avons rédigé le présent procès-verbal pour servir et valoir ce que de droit, le témoin présent a signé avec nous, les plaignantes ont déclaré ne savoir signer, de ce requises.

A Xhoris, les heure, jour, mois et an susdits.

Xhoris po’v rinde chervice n° 75 – 1979 – Textes recueillis par A. MARECHAL

 

 

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