La sorcellerie à Xhoris

 

Cette rubrique s’appuie sur des documents de l’ancienne Cour de Justice de Xhoris, se voudrait d’apporter quelques précisions sur les mœurs, peu connues, de nos ancêtres xhorisiens des 16ième et 17ième siècles.

Nul n’ignore que la pratique de la sorcellerie, qui constituera le principal thème de cette rubrique, visait à amener l’intervention du démon, lequel déléguait temporairement ses pouvoirs à un sorcier, ou à une sorcière qui, en revanche, lui livrait son âme pour l’éternité.

Nantis de ce pouvoir magique, ils pouvaient jeter des sorts sur les personnes, les animaux, les fermes, les champs, ou encore, préparer des philtres amoureux, des breuvages mortels et pratiquer l’envoûtement.

De tels procédés, issus du Moyen-âge, donnaient lieu à de nombreux abus.

Aussi, l’Autorité judiciaire réagissait-elle avec une extrême rigueur contre ce qu’elle considérait, à juste titre, comme un crime.

Ces pratiques ont aujourd’hui, disparu du monde civilisé. Mais la croyance aux sorcières reste tenace chez certaines peuplades d’Afrique notamment. (texte écrit par A. MARECHAL)

D'autres textes suivront et feront l'objet de pages individuelles en attendant voici une histoire.

 

Au premier jour d’aoust 1610, au lieu de xhorice, Procès de Jean, le cordonnier.

Jean, le cordonnier, estant incarcéré pour acts de sortilège suyvant les accusations de Martin TELLIN d’Awan et de TILLMAN des Chambralles.

Icelly, mis au ceppe, at librement confessé au Mayeur présent, Louis JASPART de Xhorice, arguant qu’il estoit sorty, passeit environ deux ans.

Que luy estant, en chemin des Poulhons, pardessoulz la maison Jean DUPONT, vient à luy ung grand noire home, en plain jour, come il luy sembloit, quy luy demanda ce qu’il avoit, car il sembloit estre triste.

Et du fait, luy presentat dans sa main, deux Dallers qu’il acceptat.

Et soudain, ledit noire home print le chemin pardessoulz ladyte maison, le loing des prairies et disparut de la veeu dudy Jean.

Après, confessoit quil séeu dané de luy, daultant quil se trouvoit trompeit, laissant tomber lesdis deux pièces dains le fossé.

Davantage, ledit at confessé lavoir, peu de jour apprès, retrouvé. Lestoit home en forme d’une damoiselle, ayant long robe verde, come de satin, laquel la pourta aux danses au Faweteaux d’Awan.

Après quel luy euste fait renier Dieu et luy gratter au fron, faisoit semblant (… non pubiable….) s’appelant verdulette, laquelle il n’at jamais ossé la tenir par la main, à raison que estoit une damoiselle, et aux danses, la tenoit par la robe du costé.

At déclaré une oultre, d’avoir recognu aux danses, les personnes de Martin TELLIN, TILLMAN des Chambralles, la fème dâ Laid Trô (Lieu-dit, entre Paradis (Harzé) et Basse Bosson), son galand Bietmé, accoustré à l’espagnol, avecq chausses. Dit quilz dansoient, chantoient et buvoient de tels Verdon, Verdondène, La Verdonde.

Et comme il fut expliqué qu’il estoit impossible de sortire (… non publiable…) ainsi quil disoit, fut respondu par ledit Jean, le cordonnier : « Regarde, Mayeur, quand nous sommes en teille estat pour aller aux danses, nous pouvons sortire hors dung troux de la largeur de trois doits », et monstroit ses trois doits joint, lung contre lautre, insistant que sadyte galante este froid comme un gléçon.

Sur laquel confession, il veult et desire de mourire.

Le second du mois, estante la Cour de Xhorice comparue à la prison où est détenu Jean le cordonnier, pour sorcier auquel estant doné lecture de sa confession et particulièrement sur icelle et circonstances examiné, y at persisté, destant sûr de mori.

Extrait de Xhoris po v rind chervice – n°107 – 1982 – A. Marechal.